E comme... Loïc Szerdahelyi, professeur d’EPS en collège (Blanc-Mesnil, 93), a soutenu une thèse sur l’histoire des femmes enseignantes d’EPS, dans la seconde moitié du XXème siècle. Il nous propose un résumé de son travail, avant de mettre en débat le sens de l’égalité. « Femmes d’action ». D’un métier d’hommes à un métier mixte La mise en cause de la domination masculine est d’autant plus stimulante à appréhender que les femmes sont à l’origine invisibles dans le champ des pratiques physiques. Lorsque l’enseignement de la gymnastique est rendu obligatoire en 1880, seuls les garçons sont concernés. La gymnastique n’est officialisée que deux ans plus tard pour les filles, en 1882 (Terret, 1995). Les difficultés de cette intégration sont nombreuses et s’expliquent notamment par l’absence de personnel féminin formé. Les femmes n’en sont pourtant pas exclues, même s’il faut attendre 1914 pour que l’une d’entre elles, Irène Popard, soit diplômée du professorat de gymnastique… avant de refuser de devenir fonctionnaire (Legrand, 1970). Faute de données, la distribution sexuée des enseignant-e-s d’EP reste difficile à saisir durant l’Entre-deux-guerres. Ce qui est sûr, c’est que l’engagement des femmes dans cette voie ne va pas de soi, à une époque où les discours médicaux et les assignations de genre « naturalisent » pour elles une place extérieure au champ des activités physiques (Robène, 2005). Sur le principe, les bastions masculins, professionnels et sportifs, tombent inexorablement dans le sillage des événements de mai-juin 1968. Mais dans les faits, la mixité est loin d’être effective. La parité n’est jamais atteinte, malgré l’augmentation considérable des effectifs. C’est ainsi qu’à la rentrée scolaire de 1983, la communauté enseignante d’EPS se compose à 60 % d’hommes pour 40 % de femmes (Ministère de l’Éducation nationale, 1983). Au-delà des chiffres, c’est à n’en pas douter au plan des pratiques culturelles que l’EPS rassemble une communauté ayant des affinités avec les activités sportives. Annick Davisse et Catherine Louveau (1998) situent les enseignantes d’EPS, par rapport à la population féminine totale, dans le quart réellement sportif des Françaises. Elles notent simultanément, selon la spécialité, que c’est parfois avec la culture sportive que des femmes, issues de l’option danse par exemple, ont des difficultés. Autant d’éléments qui nous invitent à réfléchir sur nos pratiques quotidiennes et à faire de l’égalité par la mixité le cœur d’un projet professionnel novateur en EPS, individuel et collectif... Loïc Szerdahelyi
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